Soigner sa relation au temps
Fiston,
Tu m’as dit récemment que tu n’avais plus le temps de perdre du temps !
Au-delà de la forme surprenante de cette expression et de sa richesse (entre d’une part la conscience de la valeur du temps qui passe et qu’il ne faut donc pas en perdre, et d’autre part, d’être contraint par la rareté du temps à en faire un usage plein et entier), tu m’offres l’opportunité de te parler de ma relation au temps.
On m’a souvent posé la question : « mais comment tu fais pour avoir tant de temps libre ? ». Je vais essayer de te décrire dans la suite mes réflexes et te transmettre mes apprentissages en la matière.
Au passage, je précise que temps libre ne veut pas forcément dire temps vide.
Le temps que je passe à t’écrire est un temps libre, et il n’est certainement pas un temps vide car je le consacre à une de mes missions essentielles dans cette vie.
Tu sais que j'ai (sur)vécu plus de 10 ans dans un Liban en guerre.. et ce n'est pas uniquement parce que les bombardements plus ou moins aveugles m'ont raté.. c'est aussi et surtout parce que j'ai appris à développer des stratégies de survie en milieu conflictuel et à optimiser face à une pénurie de ressources extrême (temps, eau, électricité, choix...).
Depuis, le temps me paraît particulièrement précieux (au-delà de la moyenne des gens que j’ai côtoyés).
La mort de certaines personnes proches, des accidents évités de justesse et des morts frôlées, ont accentué ma conscience d’une chance nouvelle donnée par Dieu pour faire quelque chose qui valorise le temps précieux qui m’est accordé.
Cette relation au temps en lien avec le divin, a créé en moi des réflexes de protection de MON temps… rien (ni personne) ne peut se permettre d’y interférer.
Mon temps n’est pas une cafétéria
Tu connais mon expression : « mon temps n’est pas une cafétéria ».. On n’y entre pas comme ça pour se servir selon ses envies. C’est probablement excessif mais cela m’accompagne et répond en partie à la question : « mais comment tu fais pour avoir tant de temps libre ? ».
Face aux tentatives d’irruption (et d’interruption), il faut savoir pratiquer « l’art du refus » qui consiste à dire « non » à la demande en disant « oui » à la personne (« Je suis désolé, je suis pris en ce moment sur un dossier important » ; « Le service que vous me demandez suppose que je laisse tomber cette tâche prioritaire » ; « Le sujet est très important et mérite une réelle disponibilité de ma part, pouvez-vous passer me voir à 17h ? » )
Attention au piège de vouloir faire plaisir à tout prix et à celui d’interrompre une corvée pour tisser des relations et vivre des moments relationnels agréables ! Chaque chose en son temps !
Je suis dictateur de ma propre vie
Encore une expression dont j’ai le secret (un peu violente) qui caractérise une rébellion après mon vécu de la guerre au Liban.
La guerre a dicté mon emploi du temps. Ce vécu (traumatique) et cette impuissance face aux événements ont radicalisé ma réaction (car il y a toujours réaction) : J’ai décidé d’avoir le pouvoir (si possible total et exclusif) sur mon temps. « Plus jamais » et « hors de question » ont alors fait leur entrée dans mon dialogue intérieur au sujet du temps.
Cette décision d’être le seul et unique décideur (plus jamais victime subissant) de mon emploi du temps est en filigrane de beaucoup de décisions structurantes (devenir indépendant, travailler mieux et donc moins, couper certaines relations toxiques, être moins consommateur et moins dans la possession, fengshuiter mon environnement et ma vie…).
Le prix à payer (car il y en a toujours un) : c’est d’avoir une vision de sa vie idéale, et d’accepter d’investir l’énergie et le temps qu’il faut pour obtenir ensuite des marges (ne pas être dans le besoin matériel qui est ce qui soumet la majorité des gens), et prendre de l’avance pour pouvoir lever le pied (si possible bien avant l’âge légal de la retraite !).
Ex. J’arrive en général en avance à mes rendez-vous et j’emmène toujours des choses à faire en prévision des retards des autres ou de l’opportunité de commencer (et donc de finir) plus tôt … Autre ex. Si quelqu’un arrive en retard, je m’arrange pour que nous finissions en avance (non mais !). Autre exemple plus important : décider des grands sujets qui vont constituer ma vie et renoncer à ceux qui sont négatifs (voire peu positifs).. même dans le domaine des relations !
Temps passé ou temps de qualité
Ne jamais confondre le temps que tu passes avec quelqu’un avec l’amour que tu portes à cette personne. Il y a un minimum de présence naturellement, mais ma relation à distance avec ma famille répartie aux 4 coins du monde m’a montré la possibilité de cultiver et d’améliorer les relations dans la profondeur (sans l’usure du quotidien) avec peu d’interactions.
Même entre toi et moi, le fait que nous soyons un peu éloignés géographiquement, a fait que les moments d’échange et de rencontre sont denses, savoureux, et attendus avec impatience.
Ta personnalité affiche par ailleurs de plus en plus une préférence pour les échanges profonds. C’est probablement ton secret pour créer facilement des liens particuliers avec les gens.
Ce lien de confiance et de complicité optimise le temps ! Il l’optimise car on se comprend vite (sans analyse méfiante et vigilante des arrières pensées potentielles de l’autre) et avec peu de mots.
Dans le monde pro, j’ai appris à ne pas pratiquer : « convivialité et porte ouverte » au détriment de mes propres tâches et de la tranquillité dont j’ai besoin. Donc ouvert mais avec des horaires d’ouverture (et de présence réelle) et des moments d’inaccessibilité pour carburer sur mes tâches (pour libérer du temps précieux pour les relations). Parfois en les saluant le matin, j’informe mes collaborateurs que pendant tel ou tel intervalle de temps (des heures ou des journées) je ne suis là pour personne et je prends des rdvs avec eux pour les sujets « ne pouvant pas attendre ».
La meilleure des paroles est courte, concise et fait parvenir le message
Tu as sans doute compris en lisant le Coran la puissance du verbe quand il est un concentré de sens, de clarté, d’émotion, d’éloquence et de pédagogie.
Il ne s’agit évidemment pas de pouvoir l’égaler dans les échanges de tous les jours, mais, il y a une marge assez intéressante d’optimisation dans nos paroles et écrits pour éviter les pertes de temps et de focus.
Même dans mes écrits de ce site, si je devais faire l’exercice (merci de ne pas me le demander ; l’optimisation du temps nécessite un temps d’optimisation), je suis certain de pouvoir réduire d’un bon 50% !
Need to know ?
Cette phrase a fait son entre dans ma vie lors d’une réunion avec un de mes clients y a une quinzaine d’années.
Ce client m’avait fait une présentation de son organisation avec un PowerPoint en bas duquel s’affichait la mention : « need to know list » (pour en restreindre la diffusion). Et je me suis dit ce jour là : je ne suis pas quelqu’un qui « need to know » ces informations et donc je suis en train de perdre une partie de mon temps.
J’ai alors décidé de m’approprier cette manière de voir les choses et même de la perfectionner pour protéger mon temps.
Mon filtre personnel est devenu : Ai-je réellement besoin, moi, de (avoir, comprendre, savoir, savoir-faire, faire, être) tout ça, maintenant ?
Ma réponse à ces 4 interrogations (les mots soulignés) est très très souvent…. Non ! Donc je ne fais pas, donc je libère du temps (ou plutôt je n’en perds pas).
Je ne te raconte pas le nombre de :
. Réunions (ou partie de) où je ne suis pas allé
. Livre ou article ultra intéressant (ou partie de) que je n’ai pas (encore) lus
. Emission ou film passionnant (ou partie de) que je n’ai pas (encore) regardés
. Sujet de conversation évités (ou coupés court ! voire rasés)
. Activité (ou partie d’) délaissée
. Etc.
Guetter et prendre la vague de la motivation
Un article que j’ai décidé d’écrire peut me résister pendant des semaines (pas assez d’envie, d’idées…), puis un beau matin (je suis du matin pour ces choses-là), une énergie inexplicable fait venir les idées qui vont bien et en deux heures, l’article est bouclé !
C’est l’arrivée de cette vague de motivation liée à un sujet donné que j’ai appris à guetter (tel un surfer) et à prendre pour profiter de son énergie. J’ai aussi appris à faire venir ce genre de vagues en réactivant l’enjeu qui a fait naître l’envie primaire.
C’est urgent ?
Le concept d’urgence dans les entreprises est une sorte d’abus de pouvoir. L’urgence est une terminologie médicale adaptée aux situations « limites » où la survie des personnes est en jeu. La brandir à tout va est pénible et au mieux abusif.
Au passage, j’ai remarqué qu’une culture de l’anticipation, sans éliminer toutes les urgences, en réduit très significativement le nombre ou le degré ou la gravité.
Les techniques de communications et d’informations telles les serveurs électroniques, mails, intranet, bases de données en temps réel, téléphone portable, organiseurs, notifications diverses et variées des réseaux sociaux… intensifient et accélèrent l’état d’urgence et le stress qui en découle : Se soumettre au flux n’est ni obligatoire, ni nécessaire ! Choisis tes moments de connexion (et désabonne-toi régulièrement des flux toxiques(–en contenu ou en quantité).
Jeux psychologiques et gestion du temps (extrait d’une de mes formations)
Les jeux psychologiques se terminent par une impression de malaise ou de défaite. Cela commence par des malentendus et continue avec le triangle Persécuteur-Sauveteur-Victime.
Ces jeux ne durent pas très longtemps mais leurs effets négatifs sont considérables.
Le Persécuteur impose sa façon de voir le cours du temps en cherchant une victime. Ses phrases sont du type : "Arrêtez de vous plaindre, vous me faites perdre mon temps", "Débrouillez-vous pour gérer votre temps", "C'est moi qui décide ce qui est prioritaire".
Le Sauveteur abandonne ses projets personnels pour se mettre au service d'autrui. Il découvre trop tard qu'il n'avait pas les moyens de bien faire le travail ou que la victime en a profité pour se la couler douce. Ses phrases sont : "Je vais te venir en aide", "je n'ai pas de temps à moi, mais je vais tout de même rendre service", "Je n'ai pas les moyens d'aider, mais je vais le faire quand même", "je ne peux pas laisser les autres en plan. Il faut que j'aide, c'est plus fort que moi".
La Victime se laisse imposer des objectifs et des priorités. Ses phrases sont "Je suis débordée", "Je suis envahie par les importuns", "Je ne sais pas dire non". Elle ne se fait pas préciser le contenu ni les délais de ce qu'on lui demande.
Ces attitudes sont rarement conscientes et il faut souvent de nombreux jeux destructeurs pour qu'une personne en prenne conscience.
Quand le drame éclate en milieu ou fin de jeux, les personnes changent de rôle : le Sauveteur demande au Persécuteur d'arrêter de persécuter la Victime. Mais comme il ne fait pas le poids, il devient à son tour Victime,...
La fin du jeu est caractérisée par un coup de théâtre ou au moins l'un des acteurs arrive à l'échec et deux rôles restent : le persécuteur (qui dit "c'est de votre faute si le projet n'a pas marché") et la victime (qui dit " je savais que je n'y arriverai pas, j'en suis incapable").
Comment ne pas perdre son temps pour les autres ? : Un sauveteur authentique se pose quatre questions avant d'intervenir :
. Ai-je la compétence et les moyens pour le faire ?
. Ai-je réellement envie de l'aider ?
. Autrui veut-il de mon aide ?
. Prend-il sa part du travail (coresponsabilité) ?
S'il répond non à une de ces questions et qu'il intervient, il part pour rentrer comme Sauveteur psychologique (dans le jeu) et finira probablement comme Victime.
Un bon test pour savoir si on est Sauveteur authentique ou psychologique : imaginez que l'autre refuse votre aide en disant qu'il peut se débrouiller tout seul, si on est capable d'accepter son refus sans difficulté, on est un authentique sauveteur.
Mes lois du temps
. Choisis les activités qui donnent le plus de résultat (minimum d’effort, maximum d’effet ; ex. quelles sont les actions que Dieu valorise le plus le jour du jugement ?)
. Détermine la juste qualité (celle attendue par ton client ou interlocuteur : un certain masochisme peut te pousser au perfectionnisme que personne ne demande - Le mieux est parfois l’ennemi du bien).
. Au-delà d'un certain temps la productivité décroît : fais autre chose ou repose-toi et reviens quand tes batteries seront rechargées.
. L’efficience passe par la prise en compte de tes rythmes biologiques : Tu sais, par exemple, si tu es du matin ou du soir. Si tu ne sais pas, observe-toi J
. Pour maintenir ta créativité et ton envie à un haut niveau, alterne les tâches (la variété des tâches est donc une nécessité).
. S’arrêter pour se poser les vraies questions : Idéalement avant d’investir du temps et de l’énergie. Par exemple, pour un courrier important, qu’est-ce que je souhaite communiquer et que souhaite entendre la personne en face ?
. Projette-toi vers la fin du chemin
A la fin de ce projet ou de cette année ou de ma scolarité ou de ma vie, qu’est-ce que je veux avoir accompli ? Du coup, suis-je orienté dans le bon sens ? Mon rythme est-il le bon ?
Je t’invite enfin à méditer le sens de ce hadith du Prophète qui concerne l’utilisation du temps et des autres ressources précieuses : « Profite (*) de cinq choses avant cinq choses : de ta jeunesse avant ta vieillesse, de ta santé avant ta maladie, de ta richesse avant ta pauvreté, de ton temps libre avant ton occupation et de ta vie avant ta mort ».
(*) Le sens est de profiter des cinq choses mentionnées dans le hadith pour se rapprocher de Dieu et faire le maximum de bons actes avant que la personne ne soit privée de ces choses et ne soit plus en mesure de faire les bonnes actions qu'il pouvait faire auparavant.
Et développe tes propres lois du temps !
Je t’aime fiston !
Tu m’as dit récemment que tu n’avais plus le temps de perdre du temps !
Au-delà de la forme surprenante de cette expression et de sa richesse (entre d’une part la conscience de la valeur du temps qui passe et qu’il ne faut donc pas en perdre, et d’autre part, d’être contraint par la rareté du temps à en faire un usage plein et entier), tu m’offres l’opportunité de te parler de ma relation au temps.
On m’a souvent posé la question : « mais comment tu fais pour avoir tant de temps libre ? ». Je vais essayer de te décrire dans la suite mes réflexes et te transmettre mes apprentissages en la matière.
Au passage, je précise que temps libre ne veut pas forcément dire temps vide.
Le temps que je passe à t’écrire est un temps libre, et il n’est certainement pas un temps vide car je le consacre à une de mes missions essentielles dans cette vie.
Tu sais que j'ai (sur)vécu plus de 10 ans dans un Liban en guerre.. et ce n'est pas uniquement parce que les bombardements plus ou moins aveugles m'ont raté.. c'est aussi et surtout parce que j'ai appris à développer des stratégies de survie en milieu conflictuel et à optimiser face à une pénurie de ressources extrême (temps, eau, électricité, choix...).
Depuis, le temps me paraît particulièrement précieux (au-delà de la moyenne des gens que j’ai côtoyés).
La mort de certaines personnes proches, des accidents évités de justesse et des morts frôlées, ont accentué ma conscience d’une chance nouvelle donnée par Dieu pour faire quelque chose qui valorise le temps précieux qui m’est accordé.
Cette relation au temps en lien avec le divin, a créé en moi des réflexes de protection de MON temps… rien (ni personne) ne peut se permettre d’y interférer.
Mon temps n’est pas une cafétéria
Tu connais mon expression : « mon temps n’est pas une cafétéria ».. On n’y entre pas comme ça pour se servir selon ses envies. C’est probablement excessif mais cela m’accompagne et répond en partie à la question : « mais comment tu fais pour avoir tant de temps libre ? ».
Face aux tentatives d’irruption (et d’interruption), il faut savoir pratiquer « l’art du refus » qui consiste à dire « non » à la demande en disant « oui » à la personne (« Je suis désolé, je suis pris en ce moment sur un dossier important » ; « Le service que vous me demandez suppose que je laisse tomber cette tâche prioritaire » ; « Le sujet est très important et mérite une réelle disponibilité de ma part, pouvez-vous passer me voir à 17h ? » )
Attention au piège de vouloir faire plaisir à tout prix et à celui d’interrompre une corvée pour tisser des relations et vivre des moments relationnels agréables ! Chaque chose en son temps !
Je suis dictateur de ma propre vie
Encore une expression dont j’ai le secret (un peu violente) qui caractérise une rébellion après mon vécu de la guerre au Liban.
La guerre a dicté mon emploi du temps. Ce vécu (traumatique) et cette impuissance face aux événements ont radicalisé ma réaction (car il y a toujours réaction) : J’ai décidé d’avoir le pouvoir (si possible total et exclusif) sur mon temps. « Plus jamais » et « hors de question » ont alors fait leur entrée dans mon dialogue intérieur au sujet du temps.
Cette décision d’être le seul et unique décideur (plus jamais victime subissant) de mon emploi du temps est en filigrane de beaucoup de décisions structurantes (devenir indépendant, travailler mieux et donc moins, couper certaines relations toxiques, être moins consommateur et moins dans la possession, fengshuiter mon environnement et ma vie…).
Le prix à payer (car il y en a toujours un) : c’est d’avoir une vision de sa vie idéale, et d’accepter d’investir l’énergie et le temps qu’il faut pour obtenir ensuite des marges (ne pas être dans le besoin matériel qui est ce qui soumet la majorité des gens), et prendre de l’avance pour pouvoir lever le pied (si possible bien avant l’âge légal de la retraite !).
Ex. J’arrive en général en avance à mes rendez-vous et j’emmène toujours des choses à faire en prévision des retards des autres ou de l’opportunité de commencer (et donc de finir) plus tôt … Autre ex. Si quelqu’un arrive en retard, je m’arrange pour que nous finissions en avance (non mais !). Autre exemple plus important : décider des grands sujets qui vont constituer ma vie et renoncer à ceux qui sont négatifs (voire peu positifs).. même dans le domaine des relations !
Temps passé ou temps de qualité
Ne jamais confondre le temps que tu passes avec quelqu’un avec l’amour que tu portes à cette personne. Il y a un minimum de présence naturellement, mais ma relation à distance avec ma famille répartie aux 4 coins du monde m’a montré la possibilité de cultiver et d’améliorer les relations dans la profondeur (sans l’usure du quotidien) avec peu d’interactions.
Même entre toi et moi, le fait que nous soyons un peu éloignés géographiquement, a fait que les moments d’échange et de rencontre sont denses, savoureux, et attendus avec impatience.
Ta personnalité affiche par ailleurs de plus en plus une préférence pour les échanges profonds. C’est probablement ton secret pour créer facilement des liens particuliers avec les gens.
Ce lien de confiance et de complicité optimise le temps ! Il l’optimise car on se comprend vite (sans analyse méfiante et vigilante des arrières pensées potentielles de l’autre) et avec peu de mots.
Dans le monde pro, j’ai appris à ne pas pratiquer : « convivialité et porte ouverte » au détriment de mes propres tâches et de la tranquillité dont j’ai besoin. Donc ouvert mais avec des horaires d’ouverture (et de présence réelle) et des moments d’inaccessibilité pour carburer sur mes tâches (pour libérer du temps précieux pour les relations). Parfois en les saluant le matin, j’informe mes collaborateurs que pendant tel ou tel intervalle de temps (des heures ou des journées) je ne suis là pour personne et je prends des rdvs avec eux pour les sujets « ne pouvant pas attendre ».
La meilleure des paroles est courte, concise et fait parvenir le message
Tu as sans doute compris en lisant le Coran la puissance du verbe quand il est un concentré de sens, de clarté, d’émotion, d’éloquence et de pédagogie.
Il ne s’agit évidemment pas de pouvoir l’égaler dans les échanges de tous les jours, mais, il y a une marge assez intéressante d’optimisation dans nos paroles et écrits pour éviter les pertes de temps et de focus.
Même dans mes écrits de ce site, si je devais faire l’exercice (merci de ne pas me le demander ; l’optimisation du temps nécessite un temps d’optimisation), je suis certain de pouvoir réduire d’un bon 50% !
Need to know ?
Cette phrase a fait son entre dans ma vie lors d’une réunion avec un de mes clients y a une quinzaine d’années.
Ce client m’avait fait une présentation de son organisation avec un PowerPoint en bas duquel s’affichait la mention : « need to know list » (pour en restreindre la diffusion). Et je me suis dit ce jour là : je ne suis pas quelqu’un qui « need to know » ces informations et donc je suis en train de perdre une partie de mon temps.
J’ai alors décidé de m’approprier cette manière de voir les choses et même de la perfectionner pour protéger mon temps.
Mon filtre personnel est devenu : Ai-je réellement besoin, moi, de (avoir, comprendre, savoir, savoir-faire, faire, être) tout ça, maintenant ?
Ma réponse à ces 4 interrogations (les mots soulignés) est très très souvent…. Non ! Donc je ne fais pas, donc je libère du temps (ou plutôt je n’en perds pas).
Je ne te raconte pas le nombre de :
. Réunions (ou partie de) où je ne suis pas allé
. Livre ou article ultra intéressant (ou partie de) que je n’ai pas (encore) lus
. Emission ou film passionnant (ou partie de) que je n’ai pas (encore) regardés
. Sujet de conversation évités (ou coupés court ! voire rasés)
. Activité (ou partie d’) délaissée
. Etc.
Guetter et prendre la vague de la motivation
Un article que j’ai décidé d’écrire peut me résister pendant des semaines (pas assez d’envie, d’idées…), puis un beau matin (je suis du matin pour ces choses-là), une énergie inexplicable fait venir les idées qui vont bien et en deux heures, l’article est bouclé !
C’est l’arrivée de cette vague de motivation liée à un sujet donné que j’ai appris à guetter (tel un surfer) et à prendre pour profiter de son énergie. J’ai aussi appris à faire venir ce genre de vagues en réactivant l’enjeu qui a fait naître l’envie primaire.
C’est urgent ?
Le concept d’urgence dans les entreprises est une sorte d’abus de pouvoir. L’urgence est une terminologie médicale adaptée aux situations « limites » où la survie des personnes est en jeu. La brandir à tout va est pénible et au mieux abusif.
Au passage, j’ai remarqué qu’une culture de l’anticipation, sans éliminer toutes les urgences, en réduit très significativement le nombre ou le degré ou la gravité.
Les techniques de communications et d’informations telles les serveurs électroniques, mails, intranet, bases de données en temps réel, téléphone portable, organiseurs, notifications diverses et variées des réseaux sociaux… intensifient et accélèrent l’état d’urgence et le stress qui en découle : Se soumettre au flux n’est ni obligatoire, ni nécessaire ! Choisis tes moments de connexion (et désabonne-toi régulièrement des flux toxiques(–en contenu ou en quantité).
Jeux psychologiques et gestion du temps (extrait d’une de mes formations)
Les jeux psychologiques se terminent par une impression de malaise ou de défaite. Cela commence par des malentendus et continue avec le triangle Persécuteur-Sauveteur-Victime.
Ces jeux ne durent pas très longtemps mais leurs effets négatifs sont considérables.
Le Persécuteur impose sa façon de voir le cours du temps en cherchant une victime. Ses phrases sont du type : "Arrêtez de vous plaindre, vous me faites perdre mon temps", "Débrouillez-vous pour gérer votre temps", "C'est moi qui décide ce qui est prioritaire".
Le Sauveteur abandonne ses projets personnels pour se mettre au service d'autrui. Il découvre trop tard qu'il n'avait pas les moyens de bien faire le travail ou que la victime en a profité pour se la couler douce. Ses phrases sont : "Je vais te venir en aide", "je n'ai pas de temps à moi, mais je vais tout de même rendre service", "Je n'ai pas les moyens d'aider, mais je vais le faire quand même", "je ne peux pas laisser les autres en plan. Il faut que j'aide, c'est plus fort que moi".
La Victime se laisse imposer des objectifs et des priorités. Ses phrases sont "Je suis débordée", "Je suis envahie par les importuns", "Je ne sais pas dire non". Elle ne se fait pas préciser le contenu ni les délais de ce qu'on lui demande.
Ces attitudes sont rarement conscientes et il faut souvent de nombreux jeux destructeurs pour qu'une personne en prenne conscience.
Quand le drame éclate en milieu ou fin de jeux, les personnes changent de rôle : le Sauveteur demande au Persécuteur d'arrêter de persécuter la Victime. Mais comme il ne fait pas le poids, il devient à son tour Victime,...
La fin du jeu est caractérisée par un coup de théâtre ou au moins l'un des acteurs arrive à l'échec et deux rôles restent : le persécuteur (qui dit "c'est de votre faute si le projet n'a pas marché") et la victime (qui dit " je savais que je n'y arriverai pas, j'en suis incapable").
Comment ne pas perdre son temps pour les autres ? : Un sauveteur authentique se pose quatre questions avant d'intervenir :
. Ai-je la compétence et les moyens pour le faire ?
. Ai-je réellement envie de l'aider ?
. Autrui veut-il de mon aide ?
. Prend-il sa part du travail (coresponsabilité) ?
S'il répond non à une de ces questions et qu'il intervient, il part pour rentrer comme Sauveteur psychologique (dans le jeu) et finira probablement comme Victime.
Un bon test pour savoir si on est Sauveteur authentique ou psychologique : imaginez que l'autre refuse votre aide en disant qu'il peut se débrouiller tout seul, si on est capable d'accepter son refus sans difficulté, on est un authentique sauveteur.
Mes lois du temps
. Choisis les activités qui donnent le plus de résultat (minimum d’effort, maximum d’effet ; ex. quelles sont les actions que Dieu valorise le plus le jour du jugement ?)
. Détermine la juste qualité (celle attendue par ton client ou interlocuteur : un certain masochisme peut te pousser au perfectionnisme que personne ne demande - Le mieux est parfois l’ennemi du bien).
. Au-delà d'un certain temps la productivité décroît : fais autre chose ou repose-toi et reviens quand tes batteries seront rechargées.
. L’efficience passe par la prise en compte de tes rythmes biologiques : Tu sais, par exemple, si tu es du matin ou du soir. Si tu ne sais pas, observe-toi J
. Pour maintenir ta créativité et ton envie à un haut niveau, alterne les tâches (la variété des tâches est donc une nécessité).
. S’arrêter pour se poser les vraies questions : Idéalement avant d’investir du temps et de l’énergie. Par exemple, pour un courrier important, qu’est-ce que je souhaite communiquer et que souhaite entendre la personne en face ?
. Projette-toi vers la fin du chemin
A la fin de ce projet ou de cette année ou de ma scolarité ou de ma vie, qu’est-ce que je veux avoir accompli ? Du coup, suis-je orienté dans le bon sens ? Mon rythme est-il le bon ?
Je t’invite enfin à méditer le sens de ce hadith du Prophète qui concerne l’utilisation du temps et des autres ressources précieuses : « Profite (*) de cinq choses avant cinq choses : de ta jeunesse avant ta vieillesse, de ta santé avant ta maladie, de ta richesse avant ta pauvreté, de ton temps libre avant ton occupation et de ta vie avant ta mort ».
(*) Le sens est de profiter des cinq choses mentionnées dans le hadith pour se rapprocher de Dieu et faire le maximum de bons actes avant que la personne ne soit privée de ces choses et ne soit plus en mesure de faire les bonnes actions qu'il pouvait faire auparavant.
Et développe tes propres lois du temps !
Je t’aime fiston !