Relations avec les parents, la compagne, les frères et sœurs, les voisins, les "puissants", les non musulmans, et tolérance des différences dans les relations
Fiston,
Tu es indiscutablement doué pour créer du lien et attirer les cœurs.
Tu n’en tires pas pour autant une satisfaction béate. J’ai souvent entendu ton insatisfaction concernant la manière avec laquelle tu es en relation avec telle ou telle personne. Cela montre un niveau d’exigence important chez toi pour ce lien avec l’autre. Tu m’as même sollicité parfois pour valider des communications délicates avec des êtres qui te sont chers, ce qui montre, au-delà de l’exigence, ta posture active pour prendre soin de tes relations.
J’aimerai te parler dans ce chapitre :
. des liens particuliers soulignés par le Coran et par le prophète,
. de la tolérance des différences des personnes avec qui tu es en relation.
En premier lieu, j’attire ton attention sur le fait que, dans le Coran, Dieu ordonne d’être bon dans ces relations privilégiées juste après avoir ordonné de l’adorer et de ne rien lui associer.
Cela incite à méditer l’importance que Dieu accorde à ces relations (position 2 dans la hiérarchie de Ses ordres, juste après la pureté du culte !) :
4 : [36] « Adorez Dieu, sans rien Lui associer ! Soyez bons envers vos parents, vos proches, les orphelins, les pauvres, les voisins qu’ils soient de votre sang ou éloignés, ainsi que vos compagnons de tous les jours… »
Les liens dont je vais te parler sont les liens avec :
. Les parents
. Ton épouse
. Tes soeurs
. Les puissants
. Les voisins
. Les non musulmans
Remarque : pour les personnes qui appartiennent à plusieurs de ces catégories (ex. proche et voisin et pauvre…), il faut cumuler les bons comportements recommandés pour chacune de ces catégories (qui viendront s’ajouter aux comportements généraux recommandés au musulman envers tout humain).
Les parents
Dieu dit dans le Coran :
17 : [23] « Ton Seigneur t’ordonne de n’adorer que Lui, de traiter avec bonté ton père et ta mère. Et si l’un d’eux ou tous les deux atteignent, auprès de toi, un âge avancé, ne leur dis pas : « Fi ! » Ne leur manque pas de respect, mais adresse-leur des paroles affectueuses ! [24] Et par miséricorde, fais preuve à leur égard d’humilité et adresse à Dieu cette prière : « Seigneur ! Sois miséricordieux envers eux comme ils l’ont été envers moi, quand ils m’ont élevé tout petit ! » »
19 : [12] « Ô Jean ! Applique-toi à l’étude du Livre avec ferveur ! » Et Nous lui donnâmes dès son enfance la sagesse, [13] ainsi que la tendresse et la pureté, par un effet de Notre grâce. Il craignait Dieu, [14] il était plein de piété filiale pour ses parents et il n’était ni violent ni désobéissant. [15] Que la paix soit sur lui le jour où il naquit, le jour où il mourra et le jour où il sera ressuscité !
31 : [14] Nous avons recommandé à l’homme d’être bienveillant à l’égard de ses parents, car sa mère a enduré de multiples souffrances en le portant dans son sein, en le mettant au monde et en l’allaitant deux années durant jusqu’au sevrage. Sois donc reconnaissant envers Moi et envers tes parents ! C’est vers Moi que se fera votre retour. [15] Mais s’ils exercent sur toi une contrainte pour t’amener à M’associer des divinités dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas, tout en continuant à te comporter envers eux en ce bas monde de façon convenable. Suis en cela la voie de celui qui revient repentant vers Moi, car c’est vers Moi que se fera ensuite votre retour, et Je mettrai alors chacun de vous en face des oeuvres qu’il aura accomplies.
Hadiths :
. Un homme demande au Prophète "qui dois-je mieux traiter ?". Le Prophète lui répondit : "Ta mère !". "Et ensuite ?", dit l'homme. "Ta mère" répondit le Prophète. "Et puis ?", dit l'homme. "Ta mère" répondit le Prophète. "Et puis ?", dit l'homme. "Ton père" répondit le Prophète.
. Le Prophète dit aussi : "Dieu vous interdit de désobéir à vos mères, de demander aux gens ce que vous refusez de leur donner, d'enterrer les filles vivantes, de rapporter toutes sortes de propos, de poser trop de questions et de dilapider votre fortune."
. "Voulez-vous que je vous indique les plus graves péchés ?" dit le Prophète. "Volontiers", dirent les compagnons : "C'est attribuer un associé à Dieu et désobéir à ses parents", dit le Prophète..
. "Aucun enfant ne peut rendre la pareille à ses parents à moins qu'il ne les retrouve en état d'esclavage et qu'il ne les rachète pour les affranchir."
. "J'ai demandé au Prophète", dit un de ses compagnons, "quelle est l'œuvre la plus méritoire aux yeux de Dieu ?". "C'est le bon comportement envers le père et la mère", répondit-il.
Et après la mort des parents (j’y pense pour mon père qui nous a quitté) ?
. Un homme vint trouver le Prophète et lui demanda : "Après la mort de mes parents, suis-je encore redevable envers eux ?". "Oui", répondit le Prophète, et il ajouta : "il te reste quatre devoirs à accomplir : prier pour eux, demander à Dieu de leur pardonner, accomplir leurs engagements et bien traiter leurs amis et les parents de leur lignée. Voilà ce qui te reste à faire après leur mort."
. Il dit encore : "Le meilleur acte qu'un fils puisse réaliser, pour plaire à son père après sa mort, est de continuer à être en bonne relation avec les amis de son père !".
La limite de l'obéissance aux parents
Cette obéissance n'est autorisée que si elle est en conformité avec la loi de Dieu. Dans le cas contraire, aucune obéissance n'est admise (à qui que ce soit d’ailleurs).
31 : [15] « Si tes Parents te contraignent à m'associer ce dont tu n'as nulle connaissance, alors ne leur obéis pas. Veille pourtant, à observer avec eux, ici-bas, des rapports convenables »
Le Prophète dit aussi :
. "L'obéissance n'est admise qu'en ce qui est convenable."
. "Point d'obéissance à une créature quand il y a désobéissance au Créateur."
Pardon mutuel ?
J’ai pardonné à mon père (quand il est mort, je dois avouer que je ne me posais pas la question avant sa disparition) tout ce qu’il y avait (et ce qu’il y aurait) à pardonner.
J’aurais aimé être dans le secret de son cœur dans les derniers jours de sa vie pour savoir s’il était complètement satisfait de moi en tant que fils :
. non que l’islam m’ordonne de me poser la question en ces termes (de satisfaction), mais ma réalité est que je me suis posé la question en ces termes précis
. je ne suis pas à l’aise avec le fait d’avoir vécu ces 30 dernières années loin de lui, dans un autre continent, notamment, ou de m’être contenté de nos échanges téléphoniques succincts (avec l’excuse - ou l’explication – que c’était le type d’échange qui lui convenait…)
J’essaye depuis de « me rattraper » en priant pour lui, en honorant sa mémoire et en échangeant beaucoup avec ma mère, mais je continue à vivre sur un autre continent que ma mère et je suis très en dessous de ce que j’aurais aimé lui apporter comme présence, maintenant qu’elle est âgée, et cela reste un domaine de souffrance et de déséquilibre pour moi.
Vivant (et ayant vécu) ce malaise vis-à-vis de mes devoirs de fils envers mes parents, je t’annonce dès maintenant que je te pardonne tout (maintenant et le jour où notre relation sera jugée par Dieu). Je sais que tu ne vas pas en profiter en abusant mais je veux que tu vives serein par rapport à cette question. Tu peux bien sûr, en cas de doute, me reposer la question dans l’avenir si tu as envie d’être rassuré à nouveau !
En même temps, j’aimerais que tu me pardonnes (toutes) mes fautes et mes erreurs vis-à-vis de toi (il y en a eu : quand j’étais loin de toi géographiquement, et les fois où mon impatience ou ma colère m’ont dominé ou quand je ne t’ai pas transmis la langue arabe, et les fois où je n’ai pas été vraiment exemplaire.. il y a probablement des erreurs aujourd’hui encore, même si j’ai la détermination de faire de mon mieux pour réformer un certain nombre de choses dans ma vie .. et il y en aura dans le futur, il ne faut pas se leurrer, car je reste humain et imparfait).
Famille
Dans cette partie famille (la question des parents étant traitée plus haut), je vais aborder la question de la compagne et des sœurs.
La compagne
Je ne reviendrai pas ici en détail sur les critères selon lesquels les hommes ‘choisissent’ leur épouse et ce qui est recommandé (cf. hadith du prophète : « On épouse les femmes pour quatre raisons : la fortune, la lignée, la beauté et la foi –religiosité-. Remporte donc la femme ‘religieuse’ » ; NDLR : cumul possible –de critères- !).
J’ai pour ma part demandé à la femme qui est devenue mon épouse comment sont ses relations avec ses parents.. C’était pour moi une question déterminante (entre autres questions) dans mon choix de compagne de vie.
J’ai assisté de près et j’ai vu comment cette femme a traversé la période extrêmement tendue où ses parents, animés certainement par un instinct de protection envers elle et par une peur –car une méconnaissance- de l’islam et une méfiance vis-à-vis de tout ce qui est trop différent, ont voulu la dissuader sur le chemin de sa foi et son choix de l’islam comme religion.
La place élevée qu’elle accorde au lien avec ses parents a permis de préserver la relation d’amour pendant les débats et échanges parfois houleux –vifs, énervés, denses, stressants- au sujet de l’islam qui, soit dit en passant, souffre en France d’une image erronée et exécrable, nourrie par les comportements contraires à l’islam de certains ‘musulmans’, par les médias et les politiques malveillants, et un terreau de haine et de peur issu d’un vécu historique malsain des périodes coloniales et post coloniales et une relation très particulière –conflictuelle- de la France avec la religion en général.
Cette femme est parvenue à répondre à certaines attaques en les transformant en interrogations et en questions (et toute question a et mérite une réponse), tout en préservant ce « lien du sang » essentiel que représente le lien avec les parents. Elle réussit depuis à renforcer et à nourrir cette relation avec du respect et de la confiance –mutuelle-, en étant bien alignée par rapport à ses valeurs et convictions.
Comme tout musulman qui a une foi sincère, elle espère que Dieu guide ses parents et tous les gens qu’elle aime vers le chemin qu’Il agrée. Elle ne fait pas de prosélytisme forcené pour autant (qui elle est et comment elle avance dans la vie est son approche pour diffuser le parfum de la foi autour d’elle)..
Ce fut une illustration d’une bonne application du verset :
31 : [14] « Nous avons recommandé à l’homme d’être bienveillant à l’égard de ses parents, car sa mère a enduré de multiples souffrances en le portant dans son sein, en le mettant au monde et en l’allaitant deux années durant jusqu’au sevrage. Sois donc reconnaissant envers Moi et envers tes parents ! C’est vers Moi que se fera votre retour. [15] Mais s’ils exercent sur toi une contrainte pour t’amener à M’associer des divinités dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas, tout en continuant à te comporter envers eux en ce bas monde de façon convenable… »
Un dernier point concernant la compagne de vie : Un des devoirs du père vis-à-vis de son enfant est de bien choisir sa mère (sur des critères de piété).
Concernant la relation entre toi et ta future épouse, voici quelques éléments à garder en tête :
Coran :
. 4, [19] « … Entretenez de bons rapports avec vos femmes… »
. 30, [20] « C’est aussi un de Ses signes de vous avoir créés de poussière et fait de vous ensuite des êtres humains répandus sur la Terre. [21] Et c’en est un autre que d’avoir créé de vous et pour vous des épouses afin que vous trouviez auprès d’elles votre quiétude, et d’avoir suscité entre elles et vous affection et tendresse. En vérité, il y a en cela des signes certains pour ceux qui raisonnent. [22] Et parmi Ses signes, il y a aussi la création des Cieux et de la Terre, la diversité de vos langues et de vos couleurs. En vérité, il y a en cela des signes pour des esprits éclairés »
Hadith :
. « Font partie des meilleurs d’entre vous ceux qui sont les meilleurs avec leurs épouses »
. « Donnez-vous le conseil entre vous d’agir en bien avec les femmes »
. « Les croyants qui ont la foi la plus complète sont ceux qui ont le meilleur comportement, et parmi les meilleurs d’entre vous, il y a ceux qui sont les meilleurs envers leurs épouses »
Entre mère et épouse ?
Tu connais sans doute la caricature –et certaines blagues qui vont avec- qui est faite de la relation entre une femme et sa belle-mère (ce n’est pas uniquement le cas en France, le Liban n’est pas en reste concernant cette image de relation ‘fatalement pourrie’).
Je vais te transmettre ce que j’ai appris sur cette question.
J’ai refusé et je refuse toujours d’opposer les choses qui n’ont pas à être opposées.
Je suis donc hermétique à des formulations du genre « c’est elle ou c’est moi », « t’es avec moi ou contre moi » (certains peuvent être tentés de jouer à ça avec moi, mais de mon côté, c’est simple : je ne joue pas).
Le « ou » en termes d’entente avec les gens que j’aime n’a pas sa place. C’est le « et » qui est gravé dans le marbre (et cela n’interdit absolument pas la justesse dans l’appréciation des situations).
J’ai convenu assez tôt dans ma relation avec la femme qui est devenue mon épouse d’un principe simple : concernant la relation avec ma branche de la famille, je suis le décideur ultime –et donc responsable-, et sur sa branche, c’est elle. Cela n’empêche absolument pas la possibilité d’échanger les points de vue, au contraire, cela rend serein et enrichissant tout échange d’avis.
Les incompréhensions (et les tensions qui en résultent) qui sont apparues entre ma femme et ma mère ont été favorisées par 2 paramètres : pas la même langue et pas la même culture. J’ai donc pris des décisions pour résoudre ces incompréhensions en :
. me positionnant comme seul traducteur autorisé face à des erreurs d’interprétation (d’origine culturelle en général, linguistique parfois) et en valorisant l’intention noble de l’une et de l’autre
. en ‘imposant’ des périodes plus ou moins longues de séparation des parties (pour plus de recul, pour un traitement approprié et respectueux des egos, et pour stopper l’hémorragie) et en filtrant toute communication pouvant induire de nouvelles incompréhensions ou aggraver des incompréhensions présentes
. en veillant à la reprise des relations harmonieuses et apaisées quand j’ai estimé que les conditions étaient réunies pour un succès (quasi) certain
Je ne suis pas sûr que ce soit la seule stratégie valable dans toutes les situations de tension, mais je te transmets mes apprentissages et à ce titre, je t’indique que je me félicite à présent de l’amélioration ‘exponentielle’ de la relation entre mon épouse et ma mère, suite à mon application rigoureuse de cette stratégie (et à leurs bonnes intentions fondamentales).
Relation avec les sœurs
J’ai assisté enfant (ainsi que mes frères et sœurs) à des relations entre ma mère et ses frères et sœur, qui ont été très négativement impactées par un traitement injuste de la question de l’héritage venant de mes grands parents maternels. Nous avons continué (avec mes frères et sœurs) à assister à la ‘transmission’ de ces relations détériorées aux générations qui suivent (avec méfiance de notre part et volonté de nous protéger d’éventuelles nouvelles malveillances… quel mauvais héritage –dans le camp d’en face- que celui de l’argent mal acquis – et celui d’avoir une image de malveillant potentiel !).
Nous avons été atterrés par le spectacle auquel nous avons assisté –impuissants- pendant toutes ces années et nous nous sommes jurés à nous-mêmes et entre nous (comme un pacte entres frères et sœurs) de ne jamais tomber dans ce piège de privilégier un jour l’argent par rapport au lien du sang et à l’honnêteté.
Je dois sur ce point te dire que la maltraitance des filles dans les questions d’héritage n’est pas l’apanage des sociétés orientales : j’ai assisté -de près parfois- en France à beaucoup de situations similaires –ou pires- et quoiqu’on en dise, l’égalité de traitement entre hommes et femmes reste à obtenir, et nous devons tous prendre part à redresser cette situation (inacceptable du point de vue de l’Islam, quoiqu’en disent ceux qui le méconnaissent et ceux qui le haïssent).
Sur la relation avec les sœurs de manière plus globale, j’ai toujours été animé par l’amour inconditionnel mais cela n’a pas empêché des fautes et des erreurs de ma part, parfois touchant profondément mes sœurs et pour lesquelles j’ai fait mon mea culpa et mon repentir au sens global (mais il reste toujours des cicatrices).
Il reste aujourd’hui, de mon côté, un sentiment d’insatisfaction dans mes relations avec mes sœurs : je voudrais leur apporter mon soutien et les conseils (si elles m’en demandent) mais je ne sais pas, selon les périodes, ‘deviner’ leurs attentes en termes de présence (ou de non présence –tranquillité-), de témoignage d’affection, ou encore la nature des sujets qu’elles aimeraient me voir aborder avec elles. Parfois je tombe juste, parfois complètement à côté.
J’ai l’impression que les choses s’améliorent avec le temps mais je dois encore composer avec l’absence de demande de leur part (quand ça arrive, c’est en général assez tard et ça prend alors la forme d’un reproche) et la distance qui ne facilite pas la perception des petits signaux en temps réel (mon erreur est une fréquence probablement insuffisante des contacts profonds –c'est-à-dire plus que l’échange de blagues et de photos sur réseaux sociaux, ou les souhaits d’anniversaires).
A toi d’extraire tes apprentissages qui vont bien par rapport à tes sœurs. Concernant (au moins une, dans un premier temps) l’une d’entre elles, tu auras certainement un rôle supplémentaire de transmetteur de connaissance sur l’islam.
Puissants
Dieu critique les peuples qui se soumettent aux tyrans.
Le Coran n’a pas limité sa condamnation aux individus qui se prennent pour des dieux, il a étendu sa critique à leurs peuples qui ont obéi à leur commandement, leur ont emboîté le pas et leur ont confié leur sort. Le Coran leur a attribué une part de responsabilité :
. 71, [21] « Noé dit : "Seigneur, ils m’ont désobéi et ils ont suivi celui dont les biens et les enfants n’ont fait qu’accroître la perte. »
. 11, [59] « Voilà les `Âd. Ils avaient nié les signes de leur Seigneur, désobéi à Ses messagers et suivi le commandement de tout tyran entêté. »
. 43, [54] « Mais ils suivirent l’ordre de Pharaon, bien que l’ordre de Pharaon n’était point avisé. Il précédera son peuple, au Jour de la Résurrection. Il les mènera à l’aiguade du Feu. Et quelle détestable aiguade ! »
L’Islam a élevé l’injonction du convenable et l’interdiction du blâmable au rang de l’obligation ferme. Mieux encore il a décrété que la forme de Jihad la plus méritoire consiste à dire une parole juste face à un despote.
Voisins
Les voisins ont une place de choix dans l’Islam.
Coran :
. 4 : [36] « Adorez Dieu, sans rien Lui associer ! Soyez bons envers vos parents, vos proches, les orphelins, les pauvres, les voisins qu’ils soient de votre sang ou éloignés, ainsi que vos compagnons de tous les jours… »
Hadith :
. « L’ange Gabriel m’a recommandé d’être bon avec les voisins. Il m’a dit de transmettre ses enseignements et il a tellement insisté que j’ai cru à un moment que le voisin allait obtenir le droit à l’héritage »
. « Par Dieu ! N’est pas croyant ! Par Dieu ! N’est pas croyant ! Par Dieu ! N’est pas croyant (…) celui dont le voisin n’est pas à l’abri de ses méfaits »
. « Celui qui croit en Dieu et au Jour Denier, qu’il honore son voisin »
. « N’a pas cru en moi celui qui dort repu tandis que son voisin, à côté de lui, a faim et il est au courant de cela »
Je me suis rendu compte au fil des déménagements que Dieu m’envoyait des voisins de plus en plus agréables, et ce en parallèle à mon évolution sur ce sujet, et à mon intention d’être à chaque fois un meilleur voisin (plus souriant, serviable, à l’écoute, dans le don et le partage) que dans mon logement précédent. Vue la qualité des relations construites avec mes voisins actuels, j’en conclue que je dois être à un niveau d’intention qui plait à Dieu (et Il me le fait savoir en conséquence).
Non musulmans
J’ai traité de ce sujet en profondeur dans ces deux articles :
Principes de la relation du musulman envers d'autres humains (cas des non musulmans)
http://discernement-islam.weebly.com/islam-et-relation-avec-les-non-musulmans.html
Quelle doit être selon l'Islam la réaction des musulmans en réponse à des injustices ou des insultes ?
http://discernement-islam.weebly.com/islam-et-violence.html
Tolérance de la différence et de la diversité
Concernant la diversité religieuse :
La diversité des chemins qui mènent à Dieu relève d'une décision et d'une volonté divine (le principe de la Foi en un Dieu unique étant, évidemment, commune à toutes les voies) :
. 5, [48] "À toi aussi Nous avons révélé le Coran, expression de la pure vérité, qui est venu confirmer les Écritures antérieures et les préserver de toute altération..... À chacun de vous Nous avons tracé un itinéraire et établi une règle de conduite qui lui est propre. Et si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait de vous une seule et même communauté ; mais Il a voulu vous éprouver pour voir l’usage que chaque communauté ferait de ce qu’Il lui a donné. Rivalisez donc d’efforts dans l’accomplissement de bonnes œuvres, car c’est vers Dieu que vous ferez tous retour, et Il vous éclairera alors sur l’origine de vos disputes".
Cette reconnaissance respectueuse par l'Islam des messages qui l'ont précédé (notamment du Christianisme et le Judaïsme) est un point essentiel car il détermine la nature de la relation que doit avoir le musulman avec ceux qui ont reçu précédemment les messages de Dieu.
Concernant la diversité de la couleur de la peau et de l’origine :
Coran :
. 49, [13] "Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous vous avons répartis en peuples et en tribus, pour que vous fassiez connaissance entre vous. En vérité, le plus méritant d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux. Dieu est Omniscient et bien Informé."
Hadith :
. "Les gens sont égaux comme les dents d’un peigne”
. "Ô hommes ! Votre Seigneur est Un, et votre père est un. Nulle préférence n’est accordée à l’arabe par rapport au non arabe, ni au non arabe par rapport à l’arabe, ni au blanc par rapport au noir. Vous êtes tous issus d’Adam, et Adam est issu de la terre"
En réalité, la diversité est dans chacun d’entre nous puisque nous sommes des êtres uniques.
La tolérance et l’accueil de la différence doivent donc être présents dans toute cohabitation et dans toute interaction.
Les choses se compliquent un peu quand tu es à la fois Français / Libanais / Eduqué / Croyant / Doué / Intelligent / Beau / En réussite….
Chacune de ces catégories se croit (à tort) supérieure. En tous cas, j’ai souvent observé des comportements et entendu des paroles qui pointent cette conviction de supériorité chez l’une ou l’autre de ces catégories.
Et toi ? Tu cumules tout ! Donc, prend garde à ne pas y succomber même si l’autre t’en fournit le prétexte !
En réalité, la seule supériorité qui vaille, est celle définie par Dieu « En vérité, le plus méritant d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux. » et qui sera jugée par Dieu seul.
On peut viser et espérer être jugé par Dieu parmi l’élite (cf. https://recompensesetchemins.weebly.com/parmi-lelite.html). Ceci est différent, et même contradictoire avec le fait de se considérer comme le sommet de l’humanité et l’aboutissement de son développement.
Ceux qui se considèrent comme les élus de Dieu aujourd’hui vont devoir lui rendre des comptes concernant cette prétention dont ils se réclament (à tort).
Le manque d’accueil et d’acceptation de cette diversité produit des dysfonctionnements de communication.
Malgré les efforts de la communication entre les gens (différents), il restera toujours des différences :
. Dans la manière de percevoir, de s’émouvoir et de représenter les choses.
. Dans la compréhension du sens des événements et de la communication.
Cette diversité nécessite la pratique d’une écoute active avec l’autre (qui est.. autre que nous) et donc que :
. l’attention de celui qui écoute soit centrée sur celui qui parle et ce qu’il dit
. l’on accepte l’autre dans ses différences (éviter les jugements de valeur)
. l’on sache repérer les éléments forts du discours pour en comprendre le sens
. l’on sache reformuler ou répondre à l’autre sans lui couper la parole.
Écouter quelqu’un, c’est faire un effort pour comprendre la situation de l’autre tel qu’elle est vécue par l’autre (principe de l’empathie).
Reformuler consiste à redire en d’autres termes, et d’une manière plus concise ou plus explicite, ce que l’autre vient d’exprimer, de façon à obtenir son accord.
C’est « l’acte de refléter en d’autres termes exactement ce que l’autre a voulu dire, sans déformer sa pensée, ou résumer ce qui est essentiel pour l’autre. La personne qui a parlé doit reconnaître absolument sa pensée dans la reformulation. »
Tu ne peux pas communiquer convenablement avec quelqu’un (différent de toi) si :
. tu crois que tout le monde pense comme toi ou que tout le monde pense de la même manière
. tu ne prouves rien et tu te contentes d’affirmations a priori
. tu n’énonces que des avis qui vont dans le même sens
. tu assènes tes propres convictions comme s’il s’agissait de vérités admises par tous
. tu t’en tiens à une énumération de préjugés ou d’idées reçues
. tu crois que la réussite de ta communication repose uniquement sur la qualité de ton argumentation.
Concernant la communication sur le sujet de l’Islam, la tolérance (de mon point de vue) ne doit pas devenir l’indifférence au sort des humains. « Je suis tolérant » ne veut pas dire « je me fous que l’autre soit dans l’égarement manifeste ».
Cela ne t’interdit donc évidemment pas de parler de l'Islam aux non musulmans (où serait la cohérence avec les valeurs de partage et de fraternité s'il s'agissait de garder égoïstement pour soi un message pouvant apporter une telle lumière à chaque être humain?).. Le Coran encourage à le faire avec la modération et la sagesse fondées sur les valeurs de respect et de tolérance et sur la conscience que seul Dieu ouvre le cœur des hommes à la foi : Sourate 16, Verset 125 : "Appelle à la voie de ton seigneur par la sagesse et le bon sermon. Sois modéré dans ta discussion avec tes interlocuteurs. Du reste, c'est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s'écarte de Sa Voie, comme Il connaît mieux ceux qui sont bien guidés".
Je te conseille d’observer tes propres réactions face à des personnes qui n’ont pas tes dons ou n’ont pas acquis tes qualités (tu comprends vite face à ceux qui comprennent moins vite, tu vas à l’essentiel face à ceux qui se perdent dans des détails et des anecdotes, tu es de bonne foi face à ceux qui te paraissent de mauvaise foi, tu possèdes des connaissances face à des personnes qui en sont dépourvues, tu es agréable à voir face à des gens qui… etc.). Si tu ressens une infinie supériorité, tu as un problème qu’il va te falloir résoudre !
Je vais terminer avec des ingrédients essentiels dans les relations à l’autre : le pardon, l’amour…
Pardon
Coran
. 3 : 133-134 "Hâtez-vous de mériter l’absolution de votre Seigneur et un Paradis aussi vaste que les Cieux et la Terre, destiné à ceux qui craignent Dieu / à ceux qui font l’aumône, qu’ils soient à l’aise ou dans la gêne, qui savent réprimer leur colère et pardonner à leurs semblables, car Dieu aime les bienfaiteurs"
. 7 : 199 "Pratique le pardon ! Ordonne le bien et écarte-toi des ignorants !"
. 15 : 85 : "Nous n'avons créé les Cieux, la Terre et les espaces interstellaires qu'en toute vérité ! L'Heure du Jugement approche. Pardonne donc de la belle manière"
Hadith
. ''Ne vous détestez pas, ne vous enviez pas, ne vous ignorez pas, ne rompez pas vos relations, soyez des serviteurs de Dieu fraternels (les uns envers les autres). Il n'est pas permis à un musulman de rompre toute relation avec son frère plus de trois jours.''
. Le lundi et le jeudi les portes du Paradis sont ouvertes et il est pardonné à quiconque n'a pas attribué d'associé à Dieu, à l'exclusion de ceux qui auront eu un différend avec un de leurs frères. On dira alors : 'Faites attendre ces deux-là jusqu'à ce qu'ils se réconcilient !'"
Amour
Je te conseille de relire cet article https://affinites.weebly.com/aimer.html
L’amour divin qui y est décrit constitue un modèle pour l’amour entre les humains (parents, enfants, frères et sœurs, épouse, etc..).
Médite sur les noms de Dieu (cf. l’article) représentant les différentes facettes de cet amour (Cet amour ne se limite pas à un lien unissant Dieu aux hommes, mais s’étend à l’ensemble de la création, notamment aux époux (Sourate 30, 21 "Il a mis entre vous de l’affection et de la miséricorde"). L’affection entre un mari et sa femme est donc un don de Dieu, et se situe à la base de leur relation. Selon la vision coranique, le monde est la manifestation de l’ensemble des noms divins selon différents degrés d’intensité : tout amour présent sur cette terre est donc une manifestation – consciente ou inconsciente - de l’amour divin.
L’amour est donc la clef à condition que tu le comprennes de manière holistique.
L’amour réel et complet couvre des ingrédients qu’il te faut offrir à ta future compagne de vie : solidité mentale, éducation spirituelle, fiabilité, fidélité, bonne santé, force physique, gentillesse, écoute réelle, situation construite ou très bien lancée, protection, soutien dans les épreuves (et il y en aura).. Tout cela sans pour autant considérer les femmes comme des êtres faibles et dépendants, mais tu fais ta part en offrant ces choses (au cas où elles deviennent nécessaires et/ou sécurisantes).. sans les imposer à ta compagne.
Saches enfin que le traitement que Dieu te réserve dépend de celui que tu réserves aux autres humains.
Le Prophète a dit : « Le musulman est le frère du musulman. Il ne lui nuit pas, ni le laisse pour compte. Quiconque subvient aux besoins d’un musulman, Dieu subviendra à ses besoins. Quiconque soulage un musulman en difficulté, Dieu le soulagera de ses difficultés le jour du jugement. Quiconque protège un musulman, Dieu le protégera le jour du jugement ».
Je te souhaite tout ça !
Je t’aime fiston !
Tu es indiscutablement doué pour créer du lien et attirer les cœurs.
Tu n’en tires pas pour autant une satisfaction béate. J’ai souvent entendu ton insatisfaction concernant la manière avec laquelle tu es en relation avec telle ou telle personne. Cela montre un niveau d’exigence important chez toi pour ce lien avec l’autre. Tu m’as même sollicité parfois pour valider des communications délicates avec des êtres qui te sont chers, ce qui montre, au-delà de l’exigence, ta posture active pour prendre soin de tes relations.
J’aimerai te parler dans ce chapitre :
. des liens particuliers soulignés par le Coran et par le prophète,
. de la tolérance des différences des personnes avec qui tu es en relation.
En premier lieu, j’attire ton attention sur le fait que, dans le Coran, Dieu ordonne d’être bon dans ces relations privilégiées juste après avoir ordonné de l’adorer et de ne rien lui associer.
Cela incite à méditer l’importance que Dieu accorde à ces relations (position 2 dans la hiérarchie de Ses ordres, juste après la pureté du culte !) :
4 : [36] « Adorez Dieu, sans rien Lui associer ! Soyez bons envers vos parents, vos proches, les orphelins, les pauvres, les voisins qu’ils soient de votre sang ou éloignés, ainsi que vos compagnons de tous les jours… »
Les liens dont je vais te parler sont les liens avec :
. Les parents
. Ton épouse
. Tes soeurs
. Les puissants
. Les voisins
. Les non musulmans
Remarque : pour les personnes qui appartiennent à plusieurs de ces catégories (ex. proche et voisin et pauvre…), il faut cumuler les bons comportements recommandés pour chacune de ces catégories (qui viendront s’ajouter aux comportements généraux recommandés au musulman envers tout humain).
Les parents
Dieu dit dans le Coran :
17 : [23] « Ton Seigneur t’ordonne de n’adorer que Lui, de traiter avec bonté ton père et ta mère. Et si l’un d’eux ou tous les deux atteignent, auprès de toi, un âge avancé, ne leur dis pas : « Fi ! » Ne leur manque pas de respect, mais adresse-leur des paroles affectueuses ! [24] Et par miséricorde, fais preuve à leur égard d’humilité et adresse à Dieu cette prière : « Seigneur ! Sois miséricordieux envers eux comme ils l’ont été envers moi, quand ils m’ont élevé tout petit ! » »
19 : [12] « Ô Jean ! Applique-toi à l’étude du Livre avec ferveur ! » Et Nous lui donnâmes dès son enfance la sagesse, [13] ainsi que la tendresse et la pureté, par un effet de Notre grâce. Il craignait Dieu, [14] il était plein de piété filiale pour ses parents et il n’était ni violent ni désobéissant. [15] Que la paix soit sur lui le jour où il naquit, le jour où il mourra et le jour où il sera ressuscité !
31 : [14] Nous avons recommandé à l’homme d’être bienveillant à l’égard de ses parents, car sa mère a enduré de multiples souffrances en le portant dans son sein, en le mettant au monde et en l’allaitant deux années durant jusqu’au sevrage. Sois donc reconnaissant envers Moi et envers tes parents ! C’est vers Moi que se fera votre retour. [15] Mais s’ils exercent sur toi une contrainte pour t’amener à M’associer des divinités dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas, tout en continuant à te comporter envers eux en ce bas monde de façon convenable. Suis en cela la voie de celui qui revient repentant vers Moi, car c’est vers Moi que se fera ensuite votre retour, et Je mettrai alors chacun de vous en face des oeuvres qu’il aura accomplies.
Hadiths :
. Un homme demande au Prophète "qui dois-je mieux traiter ?". Le Prophète lui répondit : "Ta mère !". "Et ensuite ?", dit l'homme. "Ta mère" répondit le Prophète. "Et puis ?", dit l'homme. "Ta mère" répondit le Prophète. "Et puis ?", dit l'homme. "Ton père" répondit le Prophète.
. Le Prophète dit aussi : "Dieu vous interdit de désobéir à vos mères, de demander aux gens ce que vous refusez de leur donner, d'enterrer les filles vivantes, de rapporter toutes sortes de propos, de poser trop de questions et de dilapider votre fortune."
. "Voulez-vous que je vous indique les plus graves péchés ?" dit le Prophète. "Volontiers", dirent les compagnons : "C'est attribuer un associé à Dieu et désobéir à ses parents", dit le Prophète..
. "Aucun enfant ne peut rendre la pareille à ses parents à moins qu'il ne les retrouve en état d'esclavage et qu'il ne les rachète pour les affranchir."
. "J'ai demandé au Prophète", dit un de ses compagnons, "quelle est l'œuvre la plus méritoire aux yeux de Dieu ?". "C'est le bon comportement envers le père et la mère", répondit-il.
Et après la mort des parents (j’y pense pour mon père qui nous a quitté) ?
. Un homme vint trouver le Prophète et lui demanda : "Après la mort de mes parents, suis-je encore redevable envers eux ?". "Oui", répondit le Prophète, et il ajouta : "il te reste quatre devoirs à accomplir : prier pour eux, demander à Dieu de leur pardonner, accomplir leurs engagements et bien traiter leurs amis et les parents de leur lignée. Voilà ce qui te reste à faire après leur mort."
. Il dit encore : "Le meilleur acte qu'un fils puisse réaliser, pour plaire à son père après sa mort, est de continuer à être en bonne relation avec les amis de son père !".
La limite de l'obéissance aux parents
Cette obéissance n'est autorisée que si elle est en conformité avec la loi de Dieu. Dans le cas contraire, aucune obéissance n'est admise (à qui que ce soit d’ailleurs).
31 : [15] « Si tes Parents te contraignent à m'associer ce dont tu n'as nulle connaissance, alors ne leur obéis pas. Veille pourtant, à observer avec eux, ici-bas, des rapports convenables »
Le Prophète dit aussi :
. "L'obéissance n'est admise qu'en ce qui est convenable."
. "Point d'obéissance à une créature quand il y a désobéissance au Créateur."
Pardon mutuel ?
J’ai pardonné à mon père (quand il est mort, je dois avouer que je ne me posais pas la question avant sa disparition) tout ce qu’il y avait (et ce qu’il y aurait) à pardonner.
J’aurais aimé être dans le secret de son cœur dans les derniers jours de sa vie pour savoir s’il était complètement satisfait de moi en tant que fils :
. non que l’islam m’ordonne de me poser la question en ces termes (de satisfaction), mais ma réalité est que je me suis posé la question en ces termes précis
. je ne suis pas à l’aise avec le fait d’avoir vécu ces 30 dernières années loin de lui, dans un autre continent, notamment, ou de m’être contenté de nos échanges téléphoniques succincts (avec l’excuse - ou l’explication – que c’était le type d’échange qui lui convenait…)
J’essaye depuis de « me rattraper » en priant pour lui, en honorant sa mémoire et en échangeant beaucoup avec ma mère, mais je continue à vivre sur un autre continent que ma mère et je suis très en dessous de ce que j’aurais aimé lui apporter comme présence, maintenant qu’elle est âgée, et cela reste un domaine de souffrance et de déséquilibre pour moi.
Vivant (et ayant vécu) ce malaise vis-à-vis de mes devoirs de fils envers mes parents, je t’annonce dès maintenant que je te pardonne tout (maintenant et le jour où notre relation sera jugée par Dieu). Je sais que tu ne vas pas en profiter en abusant mais je veux que tu vives serein par rapport à cette question. Tu peux bien sûr, en cas de doute, me reposer la question dans l’avenir si tu as envie d’être rassuré à nouveau !
En même temps, j’aimerais que tu me pardonnes (toutes) mes fautes et mes erreurs vis-à-vis de toi (il y en a eu : quand j’étais loin de toi géographiquement, et les fois où mon impatience ou ma colère m’ont dominé ou quand je ne t’ai pas transmis la langue arabe, et les fois où je n’ai pas été vraiment exemplaire.. il y a probablement des erreurs aujourd’hui encore, même si j’ai la détermination de faire de mon mieux pour réformer un certain nombre de choses dans ma vie .. et il y en aura dans le futur, il ne faut pas se leurrer, car je reste humain et imparfait).
Famille
Dans cette partie famille (la question des parents étant traitée plus haut), je vais aborder la question de la compagne et des sœurs.
La compagne
Je ne reviendrai pas ici en détail sur les critères selon lesquels les hommes ‘choisissent’ leur épouse et ce qui est recommandé (cf. hadith du prophète : « On épouse les femmes pour quatre raisons : la fortune, la lignée, la beauté et la foi –religiosité-. Remporte donc la femme ‘religieuse’ » ; NDLR : cumul possible –de critères- !).
J’ai pour ma part demandé à la femme qui est devenue mon épouse comment sont ses relations avec ses parents.. C’était pour moi une question déterminante (entre autres questions) dans mon choix de compagne de vie.
J’ai assisté de près et j’ai vu comment cette femme a traversé la période extrêmement tendue où ses parents, animés certainement par un instinct de protection envers elle et par une peur –car une méconnaissance- de l’islam et une méfiance vis-à-vis de tout ce qui est trop différent, ont voulu la dissuader sur le chemin de sa foi et son choix de l’islam comme religion.
La place élevée qu’elle accorde au lien avec ses parents a permis de préserver la relation d’amour pendant les débats et échanges parfois houleux –vifs, énervés, denses, stressants- au sujet de l’islam qui, soit dit en passant, souffre en France d’une image erronée et exécrable, nourrie par les comportements contraires à l’islam de certains ‘musulmans’, par les médias et les politiques malveillants, et un terreau de haine et de peur issu d’un vécu historique malsain des périodes coloniales et post coloniales et une relation très particulière –conflictuelle- de la France avec la religion en général.
Cette femme est parvenue à répondre à certaines attaques en les transformant en interrogations et en questions (et toute question a et mérite une réponse), tout en préservant ce « lien du sang » essentiel que représente le lien avec les parents. Elle réussit depuis à renforcer et à nourrir cette relation avec du respect et de la confiance –mutuelle-, en étant bien alignée par rapport à ses valeurs et convictions.
Comme tout musulman qui a une foi sincère, elle espère que Dieu guide ses parents et tous les gens qu’elle aime vers le chemin qu’Il agrée. Elle ne fait pas de prosélytisme forcené pour autant (qui elle est et comment elle avance dans la vie est son approche pour diffuser le parfum de la foi autour d’elle)..
Ce fut une illustration d’une bonne application du verset :
31 : [14] « Nous avons recommandé à l’homme d’être bienveillant à l’égard de ses parents, car sa mère a enduré de multiples souffrances en le portant dans son sein, en le mettant au monde et en l’allaitant deux années durant jusqu’au sevrage. Sois donc reconnaissant envers Moi et envers tes parents ! C’est vers Moi que se fera votre retour. [15] Mais s’ils exercent sur toi une contrainte pour t’amener à M’associer des divinités dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas, tout en continuant à te comporter envers eux en ce bas monde de façon convenable… »
Un dernier point concernant la compagne de vie : Un des devoirs du père vis-à-vis de son enfant est de bien choisir sa mère (sur des critères de piété).
Concernant la relation entre toi et ta future épouse, voici quelques éléments à garder en tête :
Coran :
. 4, [19] « … Entretenez de bons rapports avec vos femmes… »
. 30, [20] « C’est aussi un de Ses signes de vous avoir créés de poussière et fait de vous ensuite des êtres humains répandus sur la Terre. [21] Et c’en est un autre que d’avoir créé de vous et pour vous des épouses afin que vous trouviez auprès d’elles votre quiétude, et d’avoir suscité entre elles et vous affection et tendresse. En vérité, il y a en cela des signes certains pour ceux qui raisonnent. [22] Et parmi Ses signes, il y a aussi la création des Cieux et de la Terre, la diversité de vos langues et de vos couleurs. En vérité, il y a en cela des signes pour des esprits éclairés »
Hadith :
. « Font partie des meilleurs d’entre vous ceux qui sont les meilleurs avec leurs épouses »
. « Donnez-vous le conseil entre vous d’agir en bien avec les femmes »
. « Les croyants qui ont la foi la plus complète sont ceux qui ont le meilleur comportement, et parmi les meilleurs d’entre vous, il y a ceux qui sont les meilleurs envers leurs épouses »
Entre mère et épouse ?
Tu connais sans doute la caricature –et certaines blagues qui vont avec- qui est faite de la relation entre une femme et sa belle-mère (ce n’est pas uniquement le cas en France, le Liban n’est pas en reste concernant cette image de relation ‘fatalement pourrie’).
Je vais te transmettre ce que j’ai appris sur cette question.
J’ai refusé et je refuse toujours d’opposer les choses qui n’ont pas à être opposées.
Je suis donc hermétique à des formulations du genre « c’est elle ou c’est moi », « t’es avec moi ou contre moi » (certains peuvent être tentés de jouer à ça avec moi, mais de mon côté, c’est simple : je ne joue pas).
Le « ou » en termes d’entente avec les gens que j’aime n’a pas sa place. C’est le « et » qui est gravé dans le marbre (et cela n’interdit absolument pas la justesse dans l’appréciation des situations).
J’ai convenu assez tôt dans ma relation avec la femme qui est devenue mon épouse d’un principe simple : concernant la relation avec ma branche de la famille, je suis le décideur ultime –et donc responsable-, et sur sa branche, c’est elle. Cela n’empêche absolument pas la possibilité d’échanger les points de vue, au contraire, cela rend serein et enrichissant tout échange d’avis.
Les incompréhensions (et les tensions qui en résultent) qui sont apparues entre ma femme et ma mère ont été favorisées par 2 paramètres : pas la même langue et pas la même culture. J’ai donc pris des décisions pour résoudre ces incompréhensions en :
. me positionnant comme seul traducteur autorisé face à des erreurs d’interprétation (d’origine culturelle en général, linguistique parfois) et en valorisant l’intention noble de l’une et de l’autre
. en ‘imposant’ des périodes plus ou moins longues de séparation des parties (pour plus de recul, pour un traitement approprié et respectueux des egos, et pour stopper l’hémorragie) et en filtrant toute communication pouvant induire de nouvelles incompréhensions ou aggraver des incompréhensions présentes
. en veillant à la reprise des relations harmonieuses et apaisées quand j’ai estimé que les conditions étaient réunies pour un succès (quasi) certain
Je ne suis pas sûr que ce soit la seule stratégie valable dans toutes les situations de tension, mais je te transmets mes apprentissages et à ce titre, je t’indique que je me félicite à présent de l’amélioration ‘exponentielle’ de la relation entre mon épouse et ma mère, suite à mon application rigoureuse de cette stratégie (et à leurs bonnes intentions fondamentales).
Relation avec les sœurs
J’ai assisté enfant (ainsi que mes frères et sœurs) à des relations entre ma mère et ses frères et sœur, qui ont été très négativement impactées par un traitement injuste de la question de l’héritage venant de mes grands parents maternels. Nous avons continué (avec mes frères et sœurs) à assister à la ‘transmission’ de ces relations détériorées aux générations qui suivent (avec méfiance de notre part et volonté de nous protéger d’éventuelles nouvelles malveillances… quel mauvais héritage –dans le camp d’en face- que celui de l’argent mal acquis – et celui d’avoir une image de malveillant potentiel !).
Nous avons été atterrés par le spectacle auquel nous avons assisté –impuissants- pendant toutes ces années et nous nous sommes jurés à nous-mêmes et entre nous (comme un pacte entres frères et sœurs) de ne jamais tomber dans ce piège de privilégier un jour l’argent par rapport au lien du sang et à l’honnêteté.
Je dois sur ce point te dire que la maltraitance des filles dans les questions d’héritage n’est pas l’apanage des sociétés orientales : j’ai assisté -de près parfois- en France à beaucoup de situations similaires –ou pires- et quoiqu’on en dise, l’égalité de traitement entre hommes et femmes reste à obtenir, et nous devons tous prendre part à redresser cette situation (inacceptable du point de vue de l’Islam, quoiqu’en disent ceux qui le méconnaissent et ceux qui le haïssent).
Sur la relation avec les sœurs de manière plus globale, j’ai toujours été animé par l’amour inconditionnel mais cela n’a pas empêché des fautes et des erreurs de ma part, parfois touchant profondément mes sœurs et pour lesquelles j’ai fait mon mea culpa et mon repentir au sens global (mais il reste toujours des cicatrices).
Il reste aujourd’hui, de mon côté, un sentiment d’insatisfaction dans mes relations avec mes sœurs : je voudrais leur apporter mon soutien et les conseils (si elles m’en demandent) mais je ne sais pas, selon les périodes, ‘deviner’ leurs attentes en termes de présence (ou de non présence –tranquillité-), de témoignage d’affection, ou encore la nature des sujets qu’elles aimeraient me voir aborder avec elles. Parfois je tombe juste, parfois complètement à côté.
J’ai l’impression que les choses s’améliorent avec le temps mais je dois encore composer avec l’absence de demande de leur part (quand ça arrive, c’est en général assez tard et ça prend alors la forme d’un reproche) et la distance qui ne facilite pas la perception des petits signaux en temps réel (mon erreur est une fréquence probablement insuffisante des contacts profonds –c'est-à-dire plus que l’échange de blagues et de photos sur réseaux sociaux, ou les souhaits d’anniversaires).
A toi d’extraire tes apprentissages qui vont bien par rapport à tes sœurs. Concernant (au moins une, dans un premier temps) l’une d’entre elles, tu auras certainement un rôle supplémentaire de transmetteur de connaissance sur l’islam.
Puissants
Dieu critique les peuples qui se soumettent aux tyrans.
Le Coran n’a pas limité sa condamnation aux individus qui se prennent pour des dieux, il a étendu sa critique à leurs peuples qui ont obéi à leur commandement, leur ont emboîté le pas et leur ont confié leur sort. Le Coran leur a attribué une part de responsabilité :
. 71, [21] « Noé dit : "Seigneur, ils m’ont désobéi et ils ont suivi celui dont les biens et les enfants n’ont fait qu’accroître la perte. »
. 11, [59] « Voilà les `Âd. Ils avaient nié les signes de leur Seigneur, désobéi à Ses messagers et suivi le commandement de tout tyran entêté. »
. 43, [54] « Mais ils suivirent l’ordre de Pharaon, bien que l’ordre de Pharaon n’était point avisé. Il précédera son peuple, au Jour de la Résurrection. Il les mènera à l’aiguade du Feu. Et quelle détestable aiguade ! »
L’Islam a élevé l’injonction du convenable et l’interdiction du blâmable au rang de l’obligation ferme. Mieux encore il a décrété que la forme de Jihad la plus méritoire consiste à dire une parole juste face à un despote.
Voisins
Les voisins ont une place de choix dans l’Islam.
Coran :
. 4 : [36] « Adorez Dieu, sans rien Lui associer ! Soyez bons envers vos parents, vos proches, les orphelins, les pauvres, les voisins qu’ils soient de votre sang ou éloignés, ainsi que vos compagnons de tous les jours… »
Hadith :
. « L’ange Gabriel m’a recommandé d’être bon avec les voisins. Il m’a dit de transmettre ses enseignements et il a tellement insisté que j’ai cru à un moment que le voisin allait obtenir le droit à l’héritage »
. « Par Dieu ! N’est pas croyant ! Par Dieu ! N’est pas croyant ! Par Dieu ! N’est pas croyant (…) celui dont le voisin n’est pas à l’abri de ses méfaits »
. « Celui qui croit en Dieu et au Jour Denier, qu’il honore son voisin »
. « N’a pas cru en moi celui qui dort repu tandis que son voisin, à côté de lui, a faim et il est au courant de cela »
Je me suis rendu compte au fil des déménagements que Dieu m’envoyait des voisins de plus en plus agréables, et ce en parallèle à mon évolution sur ce sujet, et à mon intention d’être à chaque fois un meilleur voisin (plus souriant, serviable, à l’écoute, dans le don et le partage) que dans mon logement précédent. Vue la qualité des relations construites avec mes voisins actuels, j’en conclue que je dois être à un niveau d’intention qui plait à Dieu (et Il me le fait savoir en conséquence).
Non musulmans
J’ai traité de ce sujet en profondeur dans ces deux articles :
Principes de la relation du musulman envers d'autres humains (cas des non musulmans)
http://discernement-islam.weebly.com/islam-et-relation-avec-les-non-musulmans.html
Quelle doit être selon l'Islam la réaction des musulmans en réponse à des injustices ou des insultes ?
http://discernement-islam.weebly.com/islam-et-violence.html
Tolérance de la différence et de la diversité
Concernant la diversité religieuse :
La diversité des chemins qui mènent à Dieu relève d'une décision et d'une volonté divine (le principe de la Foi en un Dieu unique étant, évidemment, commune à toutes les voies) :
. 5, [48] "À toi aussi Nous avons révélé le Coran, expression de la pure vérité, qui est venu confirmer les Écritures antérieures et les préserver de toute altération..... À chacun de vous Nous avons tracé un itinéraire et établi une règle de conduite qui lui est propre. Et si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait de vous une seule et même communauté ; mais Il a voulu vous éprouver pour voir l’usage que chaque communauté ferait de ce qu’Il lui a donné. Rivalisez donc d’efforts dans l’accomplissement de bonnes œuvres, car c’est vers Dieu que vous ferez tous retour, et Il vous éclairera alors sur l’origine de vos disputes".
Cette reconnaissance respectueuse par l'Islam des messages qui l'ont précédé (notamment du Christianisme et le Judaïsme) est un point essentiel car il détermine la nature de la relation que doit avoir le musulman avec ceux qui ont reçu précédemment les messages de Dieu.
Concernant la diversité de la couleur de la peau et de l’origine :
Coran :
. 49, [13] "Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous vous avons répartis en peuples et en tribus, pour que vous fassiez connaissance entre vous. En vérité, le plus méritant d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux. Dieu est Omniscient et bien Informé."
Hadith :
. "Les gens sont égaux comme les dents d’un peigne”
. "Ô hommes ! Votre Seigneur est Un, et votre père est un. Nulle préférence n’est accordée à l’arabe par rapport au non arabe, ni au non arabe par rapport à l’arabe, ni au blanc par rapport au noir. Vous êtes tous issus d’Adam, et Adam est issu de la terre"
En réalité, la diversité est dans chacun d’entre nous puisque nous sommes des êtres uniques.
La tolérance et l’accueil de la différence doivent donc être présents dans toute cohabitation et dans toute interaction.
Les choses se compliquent un peu quand tu es à la fois Français / Libanais / Eduqué / Croyant / Doué / Intelligent / Beau / En réussite….
Chacune de ces catégories se croit (à tort) supérieure. En tous cas, j’ai souvent observé des comportements et entendu des paroles qui pointent cette conviction de supériorité chez l’une ou l’autre de ces catégories.
Et toi ? Tu cumules tout ! Donc, prend garde à ne pas y succomber même si l’autre t’en fournit le prétexte !
En réalité, la seule supériorité qui vaille, est celle définie par Dieu « En vérité, le plus méritant d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux. » et qui sera jugée par Dieu seul.
On peut viser et espérer être jugé par Dieu parmi l’élite (cf. https://recompensesetchemins.weebly.com/parmi-lelite.html). Ceci est différent, et même contradictoire avec le fait de se considérer comme le sommet de l’humanité et l’aboutissement de son développement.
Ceux qui se considèrent comme les élus de Dieu aujourd’hui vont devoir lui rendre des comptes concernant cette prétention dont ils se réclament (à tort).
Le manque d’accueil et d’acceptation de cette diversité produit des dysfonctionnements de communication.
Malgré les efforts de la communication entre les gens (différents), il restera toujours des différences :
. Dans la manière de percevoir, de s’émouvoir et de représenter les choses.
. Dans la compréhension du sens des événements et de la communication.
Cette diversité nécessite la pratique d’une écoute active avec l’autre (qui est.. autre que nous) et donc que :
. l’attention de celui qui écoute soit centrée sur celui qui parle et ce qu’il dit
. l’on accepte l’autre dans ses différences (éviter les jugements de valeur)
. l’on sache repérer les éléments forts du discours pour en comprendre le sens
. l’on sache reformuler ou répondre à l’autre sans lui couper la parole.
Écouter quelqu’un, c’est faire un effort pour comprendre la situation de l’autre tel qu’elle est vécue par l’autre (principe de l’empathie).
Reformuler consiste à redire en d’autres termes, et d’une manière plus concise ou plus explicite, ce que l’autre vient d’exprimer, de façon à obtenir son accord.
C’est « l’acte de refléter en d’autres termes exactement ce que l’autre a voulu dire, sans déformer sa pensée, ou résumer ce qui est essentiel pour l’autre. La personne qui a parlé doit reconnaître absolument sa pensée dans la reformulation. »
Tu ne peux pas communiquer convenablement avec quelqu’un (différent de toi) si :
. tu crois que tout le monde pense comme toi ou que tout le monde pense de la même manière
. tu ne prouves rien et tu te contentes d’affirmations a priori
. tu n’énonces que des avis qui vont dans le même sens
. tu assènes tes propres convictions comme s’il s’agissait de vérités admises par tous
. tu t’en tiens à une énumération de préjugés ou d’idées reçues
. tu crois que la réussite de ta communication repose uniquement sur la qualité de ton argumentation.
Concernant la communication sur le sujet de l’Islam, la tolérance (de mon point de vue) ne doit pas devenir l’indifférence au sort des humains. « Je suis tolérant » ne veut pas dire « je me fous que l’autre soit dans l’égarement manifeste ».
Cela ne t’interdit donc évidemment pas de parler de l'Islam aux non musulmans (où serait la cohérence avec les valeurs de partage et de fraternité s'il s'agissait de garder égoïstement pour soi un message pouvant apporter une telle lumière à chaque être humain?).. Le Coran encourage à le faire avec la modération et la sagesse fondées sur les valeurs de respect et de tolérance et sur la conscience que seul Dieu ouvre le cœur des hommes à la foi : Sourate 16, Verset 125 : "Appelle à la voie de ton seigneur par la sagesse et le bon sermon. Sois modéré dans ta discussion avec tes interlocuteurs. Du reste, c'est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s'écarte de Sa Voie, comme Il connaît mieux ceux qui sont bien guidés".
Je te conseille d’observer tes propres réactions face à des personnes qui n’ont pas tes dons ou n’ont pas acquis tes qualités (tu comprends vite face à ceux qui comprennent moins vite, tu vas à l’essentiel face à ceux qui se perdent dans des détails et des anecdotes, tu es de bonne foi face à ceux qui te paraissent de mauvaise foi, tu possèdes des connaissances face à des personnes qui en sont dépourvues, tu es agréable à voir face à des gens qui… etc.). Si tu ressens une infinie supériorité, tu as un problème qu’il va te falloir résoudre !
Je vais terminer avec des ingrédients essentiels dans les relations à l’autre : le pardon, l’amour…
Pardon
Coran
. 3 : 133-134 "Hâtez-vous de mériter l’absolution de votre Seigneur et un Paradis aussi vaste que les Cieux et la Terre, destiné à ceux qui craignent Dieu / à ceux qui font l’aumône, qu’ils soient à l’aise ou dans la gêne, qui savent réprimer leur colère et pardonner à leurs semblables, car Dieu aime les bienfaiteurs"
. 7 : 199 "Pratique le pardon ! Ordonne le bien et écarte-toi des ignorants !"
. 15 : 85 : "Nous n'avons créé les Cieux, la Terre et les espaces interstellaires qu'en toute vérité ! L'Heure du Jugement approche. Pardonne donc de la belle manière"
Hadith
. ''Ne vous détestez pas, ne vous enviez pas, ne vous ignorez pas, ne rompez pas vos relations, soyez des serviteurs de Dieu fraternels (les uns envers les autres). Il n'est pas permis à un musulman de rompre toute relation avec son frère plus de trois jours.''
. Le lundi et le jeudi les portes du Paradis sont ouvertes et il est pardonné à quiconque n'a pas attribué d'associé à Dieu, à l'exclusion de ceux qui auront eu un différend avec un de leurs frères. On dira alors : 'Faites attendre ces deux-là jusqu'à ce qu'ils se réconcilient !'"
Amour
Je te conseille de relire cet article https://affinites.weebly.com/aimer.html
L’amour divin qui y est décrit constitue un modèle pour l’amour entre les humains (parents, enfants, frères et sœurs, épouse, etc..).
Médite sur les noms de Dieu (cf. l’article) représentant les différentes facettes de cet amour (Cet amour ne se limite pas à un lien unissant Dieu aux hommes, mais s’étend à l’ensemble de la création, notamment aux époux (Sourate 30, 21 "Il a mis entre vous de l’affection et de la miséricorde"). L’affection entre un mari et sa femme est donc un don de Dieu, et se situe à la base de leur relation. Selon la vision coranique, le monde est la manifestation de l’ensemble des noms divins selon différents degrés d’intensité : tout amour présent sur cette terre est donc une manifestation – consciente ou inconsciente - de l’amour divin.
L’amour est donc la clef à condition que tu le comprennes de manière holistique.
L’amour réel et complet couvre des ingrédients qu’il te faut offrir à ta future compagne de vie : solidité mentale, éducation spirituelle, fiabilité, fidélité, bonne santé, force physique, gentillesse, écoute réelle, situation construite ou très bien lancée, protection, soutien dans les épreuves (et il y en aura).. Tout cela sans pour autant considérer les femmes comme des êtres faibles et dépendants, mais tu fais ta part en offrant ces choses (au cas où elles deviennent nécessaires et/ou sécurisantes).. sans les imposer à ta compagne.
Saches enfin que le traitement que Dieu te réserve dépend de celui que tu réserves aux autres humains.
Le Prophète a dit : « Le musulman est le frère du musulman. Il ne lui nuit pas, ni le laisse pour compte. Quiconque subvient aux besoins d’un musulman, Dieu subviendra à ses besoins. Quiconque soulage un musulman en difficulté, Dieu le soulagera de ses difficultés le jour du jugement. Quiconque protège un musulman, Dieu le protégera le jour du jugement ».
Je te souhaite tout ça !
Je t’aime fiston !